L’accompagnement des femmes pendant et après la grossesse

La maternité du Centre Hospitalier Comminges Pyrénées est un service de niveau 1. Elle dispose d’une unité d’obstétrique. L’équipe médicale et le plateau technique sont tout à fait au point pour la prise en charge des grossesses qui ne présentent aucun risque. Elles ont aussi toute l’infrastucture nécessaire en cas de césarienne ou pour les soins de réanimation au nouveau-né si besoin. La maternité de Saint-Gaudens est articulée avec des maternités de niveau 2 et 3 vers lesquelles les orientations se font en cas de besoin[1].

En comptant la ville de Carbonne, neuf sages-femmes libérales et quatre médecins gynécologues exercent sur le territoire du Comminges.

Le Centre Départemental de planning et d’éducation familial assure des consultations de conseil conjugal et familial, sur la contraception et l’éducation à la vie sexuelle. Les consultations ont lieu un mercredi sur deux à l’hôpital de Saint-Gaudens et un vendredi sur deux à la maison des solidarités de Cazères.

Il existe également un réseau de périnatalité : Matermip. Il regroupe l’ensemble des maternités privées et publiques et les professionnels de la périnatalité de la région.

L’objectif de ce réseau est d’optimiser la prise en charge des femmes enceintes et/ou de leur enfant avec :

  • L’homogénéisation des pratiques médicales : tous les professionnels de la périnatalité de Midi-Pyrénées utilisent des protocoles communs de soins ;
  • Le renforcement de la coopération et la communication entre les personnels médicaux et paramédicaux, cliniques et hôpitaux ;
  • Le maintien du lien mère-enfant.

Tous les acteurs du réseau Matermip (Médecin, Sage-Femme, puéricultrice) ont un objectif commun : offrir à la mère et à l’enfant les soins les mieux adaptés à la grossesse et faire évoluer les pratiques obstétricales dans la région Midi-Pyrénées.

[1] Nota bene : Les établissements de niveau 1 accueillent les futures mamans dont la grossesse et, a priori, le déroulement de l’accouchement ne présente aucun risque, c’est-à-dire la majorité. Les maternités de niveau 2 possèdent un service de néonatalogie ou de soins intensifs néonatals sur place ou à proximité. Elles peuvent accueillir des enfants dont la prématurité est supérieure à 33 semaines : ils ont besoin de soins mais pas de prise en charge lourde, notamment sur le plan respiratoire. Enfin, les établissements de niveau 3 disposent d’un service de réanimation néonatale et sont spécialisés dans le suivi des grossesses pathologiques (hypertension pendant la grossesse, diabète gestationnel) ou multiples, celles dont on sait, dès la conception, qu’elles présentent un risque pour l’enfant à naître. Les grands prématurés (moins de 33 semaines), par exemple, naissent dans ce type d’établissement, car les médecins doivent intervenir immédiatement pour des raisons de détresse respiratoire

INTERVIEW DE EMMANUELLE TOIGO-PELLAT, SAGE-FEMME EN LIBERAL

En quoi consiste votre métier de sage-femme en libéral ?

J’organise le suivi des femmes pendant leur grossesse : surveillance médicale, cours de préparations à la naissance et je vais parfois au domicile de certaines femmes qui présentent des grossesses à risque. Une fois l’enfant né, les femmes ou les professionnels de la maternité peuvent faire appel à mes services pour des visites à domicile. Je les accompagne notamment dans la mise en place de l’allaitement et j’effectue une surveillance pondérale des nouveau-nés. J’organise également un samedi matin par mois un groupe de parole autour de l’allaitement. Cela permet aux femmes d’échanger autour de certaines problématiques, de leurs expérience et vécu, de dédramatiser des situations partagées.

En dehors des soins de périnatalité, je fais de la rééducation du périnée pour les femmes de tous âges. Aussi, depuis 2008, je suis autorisée à pratiquer certains actes de gynécologie (réalisation de frottis cervico-vaginal, pose de stérilet, prescription d’une contraception, …), à partir du moment où la femme ne présente pas de pathologies spécifiques. C’est une grosse partie de mon activité.

Enfin, suite à la prochaine signature d’une convention avec le Centre Hospitalier Comminges Pyrénées, je projette de suivre les femmes en demande d’IVG médicamenteuse.

Depuis quand exercez-vous dans le Comminges ? Où intervenez-vous ?

Je suis arrivée sur le secteur en 2010. J’ai d’abord eu une activité mixte avec un mi-temps à l’hôpital, puis je me suis installée à temps plein en libéral. Mon activité s’est développée rapidement car la demande est forte. J’ai deux cabinets, à Saint-Gaudens et à Cierp-Gaud. Je propose également une matinée par semaine de consultations de gynécologie de prévention, en tant que vacataire, à l’hôpital de Luchon. Les femmes que je reçois viennent généralement du secteur, mais certaines viennent du secteur de Lannemezan ou d’Espagne. Je suis souvent contactée par le PRADO de Tarbes.

Quels liens de partenariat entretenez-vous ?

Je garde des liens réguliers avec la maternité de Saint-Gaudens, notamment pour les suivis à domicile. Je travaille également avec la PMI pour le suivi des femmes dans le Luchonnais.

Par contre, j’ai très peu de liens avec les gynécologues de ville et le centre de planification, ce qui est regrettable, car il y aurait des choses à développer. Nous sommes un peu isolées en tant que sages-femmes libérales. J’aurai besoin de davantage d’échanges, d’autant plus que j’ai déjà connu le travail en équipe. Dans ce secteur, le réseau n’est pas bien développé, nous avons peu d’échanges avec les spécialistes. En même temps, nous sommes face à la désertification médicale, ce qui ne facilite pas les liens.

Observez-vous des difficultés d’accès aux soins pour les femmes que vous prenez en charge ?

Oui, notamment chez les femmes non véhiculées. Il y a quand même une petite navette qui fait le tour de Saint-Gaudens. Par contre dans le Luchonnais, certaines familles rencontrent des difficultés de déplacement.

De mon côté, j’organise mon planning de façon à ce que je puisse recevoir une femme en rendez-vous dans les quinze jours qui suivent. Dans tous les cas, je leur pose toujours la question de savoir par qui elles sont suivies.

Si vous aviez des améliorations à proposer pour améliorer la prise en charge des femmes et des familles, quels seraient-ils ?

J’aimerai lutter contre l’isolement des femmes et favoriser les échanges entre elles, surtout que nous sommes dans un secteur rural. J’aimerai aborder davantage le soutien à la parentalité. Il existe un lieu à Saint-Gaudens, c’est le Lieu d’Accueil Enfants Parents, créé par l’association « Ecoute Moi Grandir ». Malheureusement, ce dernier est encore trop peu fréquenté. Je trouve que certaines femmes ne sont pas dans la démarche de sortir de chez elles, et ce n’est pas toujours bon pour elles et pour le bébé. Et puis notre société est de plus en plus matérialiste, avec la place importante des écrans. Cela ne pousse pas aux échanges et à la rencontre.

Deux aspects me tiennent particulièrement à cœur : en premier lieu travailler le lien mère-enfant et cette nécessité de proximité parents-nouveau-né. La société accepte difficilement cet état de fait. Il faut donc accepter que l’enfant, dans les premiers temps, ait besoin d’être collé à ses parents. Par ailleurs, je pense que la parturiente doit arriver à une certaine autonomie : plus elle sera présente, volontaire et autonome lors de son accouchement, mieux elle le vivra. Quelques techniques et certaines informations sont nécessaires, mais il s’agit principalement de la façon dont elles vont s’adapter. Il faut soutenir la confiance des femmes. C’est une relation de bonne intelligence à trouver avec les soignants.

En conclusion, que ce soit pour les professionnels ou les femmes : rencontrons-nous !

Rédactrice : Pauline Pettré, coordinatrice du Contrat Local de Santé, Pays Comminges Pyrénées